Tous les avantages du VTT, sans les inconvénients. Voilà une des clés expliquant le succès du VTT à assistance électrique, qui séduit chaque année toujours plus de pratiquants. Retour sur une tendance qui semble partie pour durer. SANDY PLAS
Dans son magasin des 2 Alpes, spécialisé dans la vente de VTT électriques, Antoine Audenino n’en revient toujours pas. Au mois de mai, son chiffre d’affaire a bondi de 30% par rapport à la même période l’an dernier.
Si l’effet du déconfinement, associé à une certaine envie d’évasion, a pu jouer, il y voit également la confirmation du succès remporté par le VTT à assistance électrique (VTTAE) depuis quelques années. « J’ai commencé à proposer ce type de vélo il y a 5 ans, mais ça a vraiment explosé depuis 2 ans », explique ce moniteur-guide VTT, qui consacre désormais 100% de son activité à l’électrique.
Antoine Audenino n’est pas une exception, comme le montrent les chiffres de l’Observatoire du cycle. L’an dernier, la vente de VTT électrique a ainsi connu une augmentation de 30%, passant de 65 000 unités vendues en 2018 à 85 000 en 2019, quand « seulement » 35 000 VTTAE s’écoulaient en 2017…
Et même si les VTT représentent une faible part des 390 000 vélos à assistance électrique vendus en 2019, « le marché se porte bien » explique Julien Rebuffet, co-fondateur de l’association grenobloise Mountain Bikers Foundation (MBF), dont le but est de promouvoir une pratique durable du VTT. Une des raisons du succès, selon lui, tient au fait que des pratiquants de VTT sans assistance, auparavant critiques envers les VTTAE, ont entamé leur reconversion à l’électrique : « Aujourd’hui, il n’y a plus de débat, le VTTAE s’est banalisé, explique-t-il. Les vététistes se sont rendus compte que même en électrique, il y avait un vrai plaisir du pilotage et qu’on était vraiment actifs sur le vélo. Ça reste du sport ! »
Si le cœur du marché se situe à des niveaux élevés, entre 3000 et 4500€, et jusqu’à plus de 10 000 € pour le très haut-de-gamme, une certaine démocratisation a également eu lieu selon lui, permettant à davantage de monde de s’équiper. Antoine Bussier, co-fondateur des magasins Natura Vélo, installés à Grenoble et au lac de Paladru, confirme cette tendance : « On voit arriver tous les types de public, des vététistes réguliers à ceux qui n’ont pas fait de sport depuis un moment. Il suffit de faire l’essai pour être convaincu. »
Contemplation… et pilotage
Ce plaisir de parcourir les sentiers sur son vélo électrique, quel que soit son niveau, Xavier Poignant l’observe au quotidien. Depuis quelques années, cet accompagnateur en montagne, qualifié VTT, propose des balades en fatbike électriques, des VTT spéciaux, disposant de larges pneus, permettant une meilleure adhérence au terrain. Les clients qu’il encadre ont des profils très divers, des anciens vététistes aguerris aux sportifs toujours actifs, en passant par des quasi-débutants, avec peu d’expérience à vélo.
« Ce qui plaît, c’est cette douceur dans la pratique et le fait de pouvoir réaliser des itinéraires qu’ils n’auraient pas pu réaliser autrement », observe-t-il. Les sorties qu’il propose, à Chamrousse, mais aussi dans le Vercors ou en Savoie, s’inscrivent résolument dans une approche contemplative de la montagne, que le VTTAE permet de découvrir autrement : « On est vraiment dans une découverte de la nature, pas dans la performance. On part à la demi-journée, pour faire 10 ou 15 kilomètres, avec des variantes en fonction du niveau des participants ».
Mais si la conduite est relativement aisée sur les larges chemins sans dénivelé, le VTTAE nécessite quelques notions techniques pour s’aventurer sur des sentiers plus escarpés et maîtriser les descentes, comme l’explique Antoine Audenino, qui accompagne des pratiquants sur les chemins des 2 Alpes : « Au tout début ça a été un soucis, car on a vu arriver des gens qui n’avaient jamais fait de vélo, mais qui était attirés par le vélo électrique.
Ça pouvait poser problème pour le freinage notamment, qui est assez technique en descente. Il a fallu bien filtrer et les orienter vers des chemins adaptés. » Malgré l’illusion de facilité, pas question donc pour les débutants de se lancer sur les petits sentiers caillouteux entrecoupés de racines, pour lesquels de vraies notion de pilotage, plus technique encore à cause du poids du vélo, sont nécessaires. Direction donc les sentiers spécialement aménagés et balisés, à l’image de la Via Vercors, accessible à tous les publics.
13 itinéraires à découvrir en Isère
Pour les plus aguerris en revanche, le champ des possibles s’étend de plus en plus, grâce à l’offre proposée dans les stations. Alors que certaines d’entre elles s’étaient spécialisées jusque-là dans le VTT de descente, elles s’ouvrent peu à peu à cette nouvelle pratique, notamment au travers du up hill flow trail, des itinéraires spécialement conçus pour la pratique du VTTAE.
« L’idée c’est de développer des circuits pensés pour avoir du plaisir à la montée, avec du pilotage dans des virages relevés et différents aménagements, explique Julien Rebuffet, de la MBF. Sur le sujet, les stations des portes du Soleil sont à l’avant-garde, mais pourraient être suivies prochainement par d’autres.
Parallèlement à ces itinéraires spécialisés, d’autres ont été imaginés par le département de l’Isère et compilés dans la brochure « Balades électriques en Isère » prochainement disponible. Au total, 13 circuits d’une trentaine de kilomètres ont ainsi vu le jour : « Chacun de ces itinéraires a un véritable intérêt touristique, en permettant des découvertes culturelles ou naturelles le long du parcours, explique Chantal Carlioz, vice-présidente du département en charge du tourisme. Et pour chaque parcours, des adresses de loueurs spécialisés ou des lieux de restauration proposant un accueil-vélo sont indiqués, pour mettre l’accent sur le service ».
Obiou, Vercors, Trièves, balcons du Dauphiné ou massif de la Chartreuse sont autant de territoires proposés à la découverte, moteur électrique sous la pédale. « Avec un territoire couvert à 40% par la montagne, le vélo électrique est un vrai atout et devient peu à peu complémentaire du ski pour nos stations », note l’élue. En attendant de détrôner l’or blanc, le VTT électrique continue en tout cas de tracer sa route sur les sentiers isérois, bien décidé à s’installer dans le paysage.
Crédits photo : Alexandre Gelin / David Boudin
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