A la découverte du Lyon cinéphile

En bref par Jérémy Chauche

Le mois d’octobre sera cinéphile ou ne sera pas ! Du 4 au 10 octobre, tout le cinéma se donne rendez-vous à Lyon à l’occasion du festival Lumière. L’occasion d'une balade cinéphile dans la ville.

Tout a commencé à Lyon. En 1895, les frères Lumière, bien inspirés, inventent le cinématographe. Histoire de tester la machine, ils tournent alors La Sortie de l’usine Lumière à Lyon. Le premier film de l’histoire du cinéma. Depuis, de Christian-Jaque à Richard Berri en passant par Bertrand Tavernier, nombre de réalisateurs ont posé leur objectif sur la capitale des Gaules. <> Lyon a été le décor de nombreux films noirs et policiers. Peut-être est-ce dû au brouillard qui entoure les deux fleuves lyonnais ou aux rues sinueuses du Vieux Lyon… Quoi qu’il en soit, dès 1946, Christian-Jaque tourne Un revenant. Louis Jouvet y incarne un homme revenu à Lyon se venger de deux familles bourgeoises qui ont voulu, vingt ans plus tôt, l’assassiner. Le scénario s’inspire de l’« affaire Gillet », un fait divers qui choqua la société lyonnaise des années 1930. On reconnait dans le film de Christian-Jaque le théâtre des Célestins (le personnage de Louis Jouvet est directeur d’une troupe de ballets), l’ancienne passerelle du Palais de Justice, les quais de Saône et de Rhône… Il est un autre film où les décors lyonnais prennent toute leur importance : L’Horloger de Saint-Paul de Bertrand Tavernier. Sorti en 1974, le film, inspiré d’un roman de Simenon (L’Horloger d’Everton dont l’action se déroule aux États-Unis) raconte l’histoire de Michel Descombes (Philippe Noiret), horloger dans le quartier de Saint-Paul apprenant un beau jour que son fils a tué un homme. La petite boutique de l'horloger se trouve rue de la Loge, en bas de la montée du Change. Perturbé par la situation, Michel Descombes erre dans la ville, il rejoint l’inspecteur chargé de l’affaire (Jean Rochefort) au Parc de la Tête d’Or, se laisse conduire le long des quais de Saône et, comme pour revenir aux sources (de l’horlogerie) entre dans la cathédrale Saint-Jean où il se dirige non pas sous la statue d’un saint mais sous l’impressionnante horloge de la cathédrale. Haute de 9 mètres, cette horloge astronomique date du XIVe siècle et fut plusieurs fois remaniée. A midi, 14 et 16 heures, l’horloge s’anime d’automates représentant l’Annonciation : l’ange de gauche retourne son sablier, celui de droite fait le chef d’orchestre, le coq chante et bat des ailes, une colombe descend du plafond. Outre l’heure, cette horloge indique la date, les positions de la Lune, du Soleil et de la Terre… <> Pendant la Seconde Guerre Mondiale, Lyon fut comme chacun le sait une plaque tournante de la résistance. De fait, L’Armée des ombres (1969) de Jean-Pierre Melville (adaptation du livre de Joseph Kessel) a été en partie tourné à Lyon. 1942, la France est occupée. Mais des hommes et des femmes s'opposent à cette situation. Parmi eux, Gerbier (Lino Ventura), qui après avoir été arrêté à Paris, part à Lyon afin de préparer un voyage à Londres. A Lyon on retrouve également Mathilde (Simone Signoret dans un rôle inspiré par Lucie Aubrac qui eut droit quelques années plus tard à un film éponyme réalisé par Richard Berri et également tourné à Lyon) qui en l’absence de Gerbier a pris le commandement de la cellule lyonnaise. Dans un petit café du Vieux Lyon, le café du Soleil, place de la Trinité, elle prépare l’évasion de Félix, détenu au siège de la Gestapo… Siège qui se trouve dans l’ancienne école du service de Santé Militaire. Le jeune chef de la Gestapo lyonnaise, Klaus Barbie, a pris possession des bâtiments datant de la fin du XIXe siècle tandis que les caves servent de cellules pour les détenus de la prison de Montluc soumis à l’interrogatoire. L’édifice (14 avenue Berthelot, Lyon 7ème) accueille désormais le Centre d’Histoire de la Résistance et de la Déportation (CHRD). Autre lieu d’emprisonnement notable, la prison de Montluc a accueilli le tournage de Un condamné à mort s’est échappé de Robert Bresson (1956). Situé dans le 3ème arrondissement, le fort de Montluc, construit entre 1831 et 1835, d’abord prison militaire, fut réquisitionné dès 1942 par les Allemands. 15 000 personnes y sont internées avant d’être déportées ou fusillées. Parmi eux Jean Moulin et ses compagnons. <> A Lyon, la bonne cuisine fait partie de la culture. C’est bien pour cela que Bernard Rapp y a tourné Une affaire de goût, sorti en salle en 1999. Frédéric Delamont (Bernard Giraudeau), riche industriel, original et phobique, y fait d’un jeune homme rencontré dans un restaurant son « goûteur » particulier. Rapidement, la relation entre les deux hommes devient dangereuse… Le tournage s’est déroulé dans quelques lieux prestigieux de la gastronomie : les bâtiments Renaissance de La Tour Rose (22 rue du Bœuf, Lyon 5ème) où le chef Philippe Chavent joua son propre rôle ; au Passage, restaurant situé dans une traboule du 1er (8 rue du Plâtre), etc. Bernard Rapp explique que dans son film, « la gastronomie est essentielle. Il fallait qu’elle fût crédible et organisée, sinon l’histoire ne tenait plus. C’est pour ça que nous avons tourné à Lyon où les grandes tables ne manquent pas. »Crédits photo : Marie Signoret

Mercredi 22 septembre 2010 En bref 3685 lectures
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