Des bijoux d’architecture Art Nouveau et Art Déco aux ossements cachés des victimes de la Révolution, le quartier des Brotteaux réserve bien des surprises. Pour un ancien marécage, le quartier s’est bien rattrapé.
Officiellement, le quartier des Brotteaux correspond en fait à l’ensemble du 6e arrondissement puisqu’il est délimité par le Rhône à l’ouest et la gare à l’est. On vous propose toutefois de débuter par le quartier de la gare, qui renferme des bijoux d’Art Nouveau et d’Art Déco. À commencer par la gare elle-même.
Mise en service en 1908 par la compagnie Paris-Lyon-Méditerranée, à l’époque où le chemin de fer et le tourisme se développent à un train d'enfer et où les artisans sont sollicités pour leurs savoir-faire hors pairs (ferronnerie, vitraux...). Un cocktail qui a donné naissance à beaucoup de très jolies gares en France, et en Europe.
Même époque, trottoir d’en face : la Brasserie des Brotteaux est un autre trésor de cette période. Construite en 1913, elle fait partie des rares cafés historiques de Lyon, avec le Grand Café des Négociants aux Cordeliers. La façade de l’immeuble, avec ses bow-windows et ses balcons végétalisés, rivalise avec l’intérieur de la brasserie : carreaux de céramique ornés de motifs floraux, bois et dorures.
À quelques pas, au n°8 du boulevard Jules Favre, se dresse le Palais de Flore. Construit en 1930, c’est un beau spécimen d’Art Déco. On constate les éléments plus géométriques typiques de ce courant, en comparaison au côté plus fluide et ondulé du précédent. C’était alors le plus haut bâtiment de France : dix étages pour 40 mètres de haut.
LE COMPTE DE LA CRYPTE
Nous vous proposons à présent de rejoindre des replis plus sombres de l’histoire, en vous dirigeant vers la chapelle des Brotteaux. Également appelée chapelle expiatoire de la croix glorieuse, elle est située au 147-149 de la rue de Créqui. Église de style néo-byzantin, elle est entourée d’un jardin grillagé qui lui donne un air majestueux, bien qu’en décalage total avec les bâtiments modernes tout autour.
À vrai dire ce qui nous intéresse plus particulièrement se trouve à l'intérieur : sa crypte. Construite en hommage aux victimes de la Révolution à Lyon, elle abrite un autel étrange, réalisé avec des centaines de crânes et d’ossements, exhumés des fosses communes. Voilà l’histoire : en 1789, la Révolution éclate à Paris. Mais les Lyonnais ne sont pas si opposés que ça au régime monarchique. Surtout que les membres de la Convention (en faveur de la Révolution) qui prennent le pouvoir à Lyon sont particulièrement autoritaires et sanguinaires envers leurs opposants. Pour preuve, ils installent une guillotine place des Terreaux et n’hésitent pas à s’en servir de manière industrielle.
Face à cette violence, une contre-révolution s’organise. Les Lyonnais appellent à la rescousse le Comte de Précy, un général à la retraite. L’armée des Alpes (révolutionnaires locaux) riposte en assiègeant et bombardant Lyon, jusqu’à entrer dans la ville le 12 octobre 1793. La “terreur rouge” commence. Tous les hommes, femmes, enfants ayant participé de près ou de loin à l’insurrection sont pourchassés. On guillotine et on fusille à tire-larigot. Parfois même on piétine avec des chevaux ou on enterre vivant.
Un véritable massacre qui fera plus de 1600 victimes. Dont 209, le 3 décembre 1793, tomberont fusillés dans la plaine des Brotteaux. C’est en leur honneur qu’est construite la fameuse chapelle. D’abord tombeau surplombé d’une coupole en forme de pyramide, elle est deux fois détruite avant d’apparaître telle qu’on peut la voir aujourd’hui.
Crédits photo : Valentin D ErsuVIDÉO
Infos pratiques
> GARE DES BROTTEAUX
Métro B arrêt Brotteaux / Elle n’est plus en service depuis l’ouverture de la gare de la Part-Dieu en 1982 mais abrite aujourd’hui, entre autres, l’Est de Paul Bocuse et une salle de vente aux enchères.
> BRASSERIE DES BROTTEAUX
1 Place Jules Ferry (Lyon 6e) / 04 72 74 03 98.
> PALAIS DE FLORE
8 boulevard Jules-Favre (Lyon 6e)
> CHAPELLE DES BROTTEAUX
147 rue de Créqui (Lyon 6e) / Visites sur RDV / 04 78 24 30 82
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