Sortir des sentiers battus pour transmettre un certain regard et une certaine approche - sensible, militante, engagée - de la Montagne. En Isère et Vercors, ils sont 280 AEM (Accompagnateurs en Montagne) à emmener chaque jour touristes, scolaires, amateurs de randonnées ou vrais passionnés d’altitude au contact de la nature.
« Nous faisons un métier d’artiste. Les seules limites à une sortie sont notre imagination et la sécurité du groupe. » Qu’il vous propose de découvrir le Val de Rencurel, les traces des premiers Alpins néandertaliens ou les gorges du Nan, le même leitmotiv guide Marc Chenu : transmettre, partager.
Pour ce spécialiste du Vercors, qui fait souvent du sur-mesure pour ses clients, « accompagner » signifie une vraie prise en charge, et cela dès le départ du projet : « J’aime connaître chaque compagnon de marche. Pour moi, la course commence bien avant la sortie en elle-même, quand je guide le client dans l’achat de matériel, la préparation du sac, le choix de l’hébergement. Ou bien dans sa préparation physique. On n’appréhende pas 3 jours de raid hivernal en autonomie totale comme une sortie de quelques heures en plaine. »
Voilà le cœur du métier d’Accompagnateur : une parfaite connaissance du milieu, depuis l’expertise technique (mise en sécurité, orientation, météo, premiers principes de secourisme…) jusqu’au thème retenu pour l’activité (botanique, géologie, faune, astronomie…). Et sur ce dernier point, les possibilités de découvertes sont infinies puisque chaque Accompagnateur puise dans ses propres centres d’intérêt.
« Nous apportons notre sensibilité.C’est une vraie valeur ajoutée personnelle », souligne Alain Doucé, accompagnateur depuis dix ans en Belledonne et Chartreuse. « Je veux "donner à connaître", et connaître c’est aimer. Je mets mes passions - la photographie, la botanique, le pastoralisme - au service de chaque projet. Je ne suis pas là uniquement pour montrer un chemin ou un sentier, mais pour initier les gens à un patrimoine naturel et humain. »
Dernière précision, oubliez tous vos a priori ! Partir avec un Accompagnateur ne signifie pas forcément choisir une balade bien tranquille. « Bien sûr que l’on propose des randos faciles et contemplatives pour les familles, les scolaires ou les MJC. C’est important car cela rejoint un enjeu pédagogique et éducatif », s’amuse Alain. « Mais un Accompagnateur peut tout aussi bien vous emmener à 5000 m dans l’Himalaya ou dans l’Atlas marocain. Il n’y a aucune limite d’altitude. »
Seule obligation pour l’AEM, ne pas choisir un terrain qui nécessiterait une technicité spécifique et risquée : sortie sur glaciers, avec piolets, cordes, skis de randonnées. Là commence le métier, très différent, de guide Haute de Montagne.
D’ailleurs, Marc Chenu travaille sur un prochain trek en Norvège.« La découverte et l’immersion dans le milieu montagnard resteront toujours plus importantes que la performance physique, mais nous sommes aussi là pour permettre le dépassement de soi. Finalement, nous prenons le pouls d’une société de plus en plus urbaine et sédentaire qui rêve d’authenticité et de grands espaces. »
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